Interviews
Le 09/06/2019

PETIA IOURTCHENKO

Avant l’Exceptionnelle Soirée Tzigane qui aura lieu le 17 Juin au Théâtre de Paris
paris-moscou.com a pu s’entretenir avec Petia Iourtchenko à l’issue de l’une des répétitions.

P.M.  Vous êtes né à Donetzk, en Ukraine dans une famille authentiquement tzigane.

P.I.  Bien sûr, mais la patrie des tziganes est le globe terrestre entier, il ne faut pas oublier que nous sommes des nomades !! Mon père vendait des chevaux (profession typique des tziganes !!) et dans mon enfance j’étais berger. Nous étions une fratrie de 9 enfants, j’étais le quatrième.

P.M. Vous avez dansé dès votre plus jeune âge ?

P.I.  Pas du tout ! Je chantais et mon père ne tarissait pas d’éloges lorsqu’il parlait de ma voix.
Quant à la danse, j’étais envahi par une sorte de timidité qui m’empêchait d’y prendre part (d’ailleurs faut remarquer que les hommes sont souvent réticents à se lancer dans la danse) c’est à l’une des fêtes que mon oncle remarqua que je me tenais à l’écart (je devais avoir à peu près 11 ans) et tout doucement me poussa dans le cercle de ceux qui dansaient. Que faire ?
La situation était sans issue ! J’esquissais un pas… puis un autre… et d’un coup je fus entièrement possédé par la danse !!

P.M. Et vous ne vous êtes plus arrêté ! Toutefois, quel chemin avez vous suivi ?

P.I. J’ai été admis (sur concours) à la prestigieuse école du Théâtre Romen de Moscou où l’enseignement comprenait, outre la danse, le chant, l’art dramatique, l’histoire de l’art etc.
J’ai également suivi les cours de l’Académie Gnessine où il y a une section spéciale tzigane.
C’est ainsi que, lors d’une grande tournée internationale en 1988, je suis venu à Paris avec la troupe pour une série de représentations au Théâtre Mogador.
Puis il y a eu des invitations qui m’ont permis de revenir : j’ai dansé dans différents cabarets dont le fameux « Balalaïka ». Il y a eu l’épisode épique où j’ai été appelé d’urgence par ses musiciens : ils me prirent à la descente d’avion pour aller directement se produire chez Castel!

P.M. Y a-t-il eu une soirée particulièrement mémorable?

P.I. Oui, celle qui eut lieu au château de Versailles pour l’anniversaire de Rostropovitch, en présence de sa femme la cantatrice Galina Vichnevskaïa, de Maya Plissetskaïa, de son mari le compositeur Chtchedrine et où j’ai dansé sur un petit carré de parquet datant du XVème siècle!!

P.M. Ce qui vous tient à coeur maintenant, c’est de transmettre cet art, cette culture tzigane.

P.I.
Bien sûr, je donne  des cours (trois niveaux : débutant, moyen et confirmé) et j’ai fondé des écoles selon ma méthode à Bordeaux, Rennes et au Canada, j’ai aussi organisé des stages au Brésil, en Tchéquie, ainsi qu’au Portugal. C’est en 1994 que j’ai fondé  ma propre compagnie : Romano Atmo.

P.M. Combien de personnes constituent cette troupe et quelles sont les musiques que vous sélectionnez pour les spectacles ?

P.I. La troupe compte une vingtaine de danseurs professionnels et la musique est bien sûr liée à la musique tzigane russe (je pense à Matriona Yankovskaïa dont le chant est ensorcelant !)

P.M. Mais ces danseurs ne sont pas des tziganes ?

P.I. Non, c’est très étonnant comme ils se sont réellement imprégnés de la culture tzigane (certains sont dans la troupe depuis 15 ans) j’ambitionne d’avoir un danseur qui arriverait à danser mieux que moi!! Prêtez bien attention à l’un d’eux : Kevin Souterre, il a vraiment le don.
Parallèlement aux spectacles je mets au point une méthode écrite qui verra le jour d’ici un an à peu près et où j’explique les fondements de mon enseignement « l’Eurotzidanse »!

P.M. Comment avez-vous conçu le spectacle du Théâtre de Paris ?

P.I. La première partie sera une sorte de masterclass probablement participative. Il y aura une chanteuse accompagnée de musiciens et ensuite, ce sera le spectacle à proprement dit.

P.M. Les danseurs doivent se tenir à votre chorégraphie ou laissez vous place à l’improvisation?

P.I. Et comment! il y aura une partie d’improvisation vers la fin et je ne vous en dis pas plus..!!

P.M. Les spectateurs du Théâtre de Paris seront comblés !

P.I. La représentation du Théâtre de Paris constitue une magnifique opportunité de montrer l’art tzigane au public parisien et j’en suis très heureux.

P.M. Ce sera peut-être un tremplin pour un Festival des cultures tziganes !