Le DOUBLE (Invitations)

« Ô ne croyez pas à l’unité de l’homme » Dostoïevski

Combinaison du tragique et du comique  : le petit fonctionnaire Goliadkine dans ses magnifiques monologues prête à rire et à pleurer.
Dostoïevsky ne se prive pas de le montrer par de très belles descriptions sonores et visuelles comme l’orage sur St Pétersbourg qui surprend le pauvre Goliadkine chassé de la fête donnée par le Conseiller d’Etat Olsoufi Bérendéiev. Ce qu’on essaiera de rendre par un film très musical. C’est dans ce déluge d’images et de bruits que Goliadkine, tout près du suicide, rencontre son double .

Le film va devenir un partenaire de jeu. Le cinéma que  offre  un double aspect : celui de représenter à la fois le réel et le rêve.
Godliadkine se construit sa propre réalité et la provoque d’une certaine façon pour après s’en plaindre. Il veut entrer « dans ce film-là » celui de la haute société où sait si bien évoluer son double.
Ce qui est fascinant et exaltant pour le comédien c’est de donner à voir l’invisible. Faire exister par la force du regard, la précision du geste une personne absente. La confrontation entre les deux personnages doit faire illusion.
Goliadkine a non seulement un double sur la scène mais aussi un autre à l’écran ! Un double qui pourrait être Dostoïevsky lui-même qui s’amuse de son personnage, le commente, le désavoue, le ridiculise et parfois l’étreint comme un frère.

L’autre grande question que soulève l’ouvrage est celle de son ambiguïté. Est-ce un récit fantastique ou une hallucination ? Ce récit a donné lieu à de multiples interprétations contradictoires. C’est un des ouvrages de Dostoïevsky les plus commentés. Dostoïevsky lui-même, semble en effet ne pas avoir choisi. Cette ambiguïté  oscille ainsi d’un aspect à l’autre . À vous de choisir .(Henri Gruvman)