Interviews
Le 19/08/2018

ANDERï KOROBEINIKOV – pianiste

paris-moscou.com a pu s’entretenir avec Andreï Korobeinikov avant son récital au
Festival des Pianofolies 2018.

P.M. Vous avez vécu et étudié à Moscou, mais êtes-vous originaire de cette ville ?

A.K. Non, je suis né à Dolgoproudnyï qui se trouve non loin de Moscou, Maintenant je réside à Saint-Pétersbourg ; de toute façon, quel que soit le pays où la ville où je suis amené à séjourner ou bien après une assez longue tournée, j’éprouve toujours le besoin de retourner en Russie, je ne peux pas m’en passer.

P.M. Faites-vous partie d’une famille de musiciens ?

A.K. Non, de physiciens : Dolgoproudnyï est une ville où il y a un Institut Physico-Technique mais mes parents aimaient beaucoup les chansons des « bardes » comme on les appelait dans les années 80, et les écoutaient continuellement, j’ai donc aimé chanter dès mon plus jeune âge.

P.M . Néanmoins vous avez commencé à étudier le piano assez tôt ?

A.K. Oui, vers 5 ans mais en raison du fait que je n’arrivais pas à bien articuler certaines lettres : l’orthophoniste avait conseillé à mes parents de m’inscrire dans une école de musique. Lorsque mes parents m’y ont amené pour l’examen d’entrée, j’ai proposé au jury de chanter une chanson : j’ai donc chanté en entier une chanson que je connaissais d’oreille : le jury a décidé que je devais entrer dans une classe de piano (c’est l’habitude en Russie : les enfants chez qui on décèle l’oreille absolue sont dirigés vers l’étude du piano et violon tandis que les autres le sont plutôt vers les instruments à vent ou les percussion ) en plus du chant.

Nous avons ensuite eu des problèmes qui ont entraîné des difficultés de domicile, c’est une mécène qui nous a procuré un logement et c’est le Maire de Moscou qui nous a donné la possibilité d’acquérir un appartement à Moscou dans le cadre de l’aide apportée aux jeunes futurs espoirs. C’est ainsi que j’ai pu entrer au Conservatoire de Moscou, puis je suis allé étudier à Londres.

P.M. Vos parents vous ont encouragé à étudier la musique, ils n’ont pas souhaité que vous fassiez une carrière de scientifique ?

A.K. Oui, ma mère voulait que je devienne physicien et à l’âge de 10 ans elle a voulu que je trouve une formule de physique : j’ai totalement refusé d’entrer dans cette voie, préférant de loin, la musique et mes parents n’y ont pas vu d’inconvénients. D’ailleurs quand j’avais 15 ans j’ai acquis un saxophone ténor et j’aimais beaucoup en jouer au sein d’un groupe de jazz, ce qui m’a donné l’occasion de faire partie d’un ensemble musical cela donne une approche différente d’un récital ou même d’un morceau avec orchestre où l’on ne se trouve pas intégré à l’intérieur de l’orchestre ; je n’avais pas emporté mon saxophone à Londres, j’ai donc délaissé cet instrument mais j’aimerais bien en rejouer, j’ai songé à reprendre des leçons si j’avais une pause dans mon activité mais cela ne s’est pas présenté et tant mieux !

P.M. Comme la plupart des pianistes et musiciens vous avez passé des concours ?

A.K. Oui, j’ai remporté des prix internationaux et j’ai été lauréat du concours Scriabine j’ai aussi obtenu le prix du public au concours Rachmaninov.

P.M. Quels ont été vos débuts en France ?

A.K. J’ai joué pour la première fois en France à La Roque d’Anthéron où j’ai remplacé Ivo Pogorelitch qui avait un empêchement.

P.M. Comment choisissez vous les nouvelles oeuves que vous mettez à votre programme ?

A.K. J’attends qu’une oeuvre particulière fasse son chemin intérieur, que je me sente murir pour l’interprèter : il en a été ainsi pour les Variations Goldberg par exemple : il faut connaître l’oeuvre du compositeur, son évolution, le  » background » qui a présidé à la composition d’un oeuvre : parfois c’est comme l’exploration d’un nouveau continent : je pense à la musique de Schoenberg par exemple, peu à peu je commence à m’intéresser à la musique atonale .

P.M. Il y a des compositeurs que vous affectionnez particulièrement ?

A.K. Je ne vais pas parler des compositeurs russes qui tiennent une si grande place chez moi,
j’ai beaucoup joué Beethoven, Schubert qui égrène les sons comme un collier de perles.

P.M. C’est d’ailleurs un programme Beethoven que vous présentez ce soir aux Pianofolies : vous y êtes déjà venu plusieurs fois ?

A.K. Oui c’est la 5ème fois, j’y suis venu en tant que soliste mais aussi avec d’autres musiciens en concert d’orchestre de chambre par deux fois : l’année dernière j’ai joué avec Alexandre Kniazev dans un programme Brahms…

P.M. C’est donc ce soir que le public pourra vous applaudir …