Interviews
Le 06/07/2019

ALEXANDRE BEDENKO (Clarinettiste)

A l’occasion du 31ème Festival International de Musique de Colmar paris-moscou.com a pu s’entretenir avec Alexandre Bedenko qui se produisait en concert avec Itamar Golan (piano) et Kyril Zlotnikov (violoncelle) dans un programme de trios.

P.M. Vous venez de Kharkov (Ukraine) mais ensuite dans quelle ville des Etats-Unis avez-vous vécu ?

A.B. A Philadelphie où j’ai poursuivi mes études musicales.

P.M. Y-a-t-il ne différence entre l’école russe et l’américaine, en ce qui concerne la clarinette ?

A.B. Oui, il y a une différence dans la manière d’enseigner et celle d’interpréter, dans le style quoique maintenant, au XXIème siècle les distances du globe terrestre font qu’il devient de plus en plus petit dans le domaine musical et les différences se gomment.

P.M. Vous avez donc fait une sorte de synthèse des deux méthodes ?

A.B. En fait j’ai eu de la chance avec mes pédagogues mon premier professeur m’a beaucoup aidé et m’a donné des bases très justes et sûres que je n’ai jamais eu à modifier et je lui en suis très reconnaissant.

P.M. Somme toute il vous a mis sur les bons rails. Vous êtes né dans une famille de musiciens ?

A.B. Oui, mon père est violoniste concertiste de l’Orchestre Philharmonique de Kharkov et ma mère a terminé le Conservatoire comme pianiste dans la section de théorie et composition.

P.M. Comment s’est fait le choix de la clarinette ?

A.B. C’est mon père qui a voulu que je joue de cet instrument.

P.M. Votre instrument est une clarinette Selmer, donc de fabrication française. Y-a-t-il des différences avec les autres et s’il y en a de quel ordre sont-elles ?

A.B.  Certainement, il y a des différences dans la technologie, dans le diamètre, cela joue sur sur la force du son, sur la couleur du son, sur les possibilités d’intonation etc. cela fait déjà une quinzaine d’années que je joue sur une Selmer.

P.M. Cependant toutes les clarinettes sont construites à partir des mêmes matériaux, les mêmes essences de bois, y-a-t-il une marque particulière fabriquée en Russie ?

A.B. Je ne saurai pas vous dire, je suis retourné en Russie cette année en février, après une interruption d’une vingtaine d’années.

P.M. C’est Rampal qui possédait une flûte en or !

A.B. Il n’y a pas de clarinette en or mais on peut avoir des clés dorées.

P.M. Mais c’est pour l’aspect, non pour la sonorité ?

A.B. Non, cela influe la sonorité également. Je n’ai pas essayé, mais tant la qualité du son, que son intensité dépendent surtout de la maîtrise de l’instrument.

P.M. La respiration est un facteur aussi important que la dextérité de la main ?

A.B. Les exercices respiratoires font partie de l’éducation dès les premières leçons.
De la maîtrise du souffle dépend la souplesse du phrasé, la coloration du son, sa durée.. tout cela est également conditionné par la forme de la bouche, par celle du palais…C’est l’interprète qui détermine quand il doit prendre son souffle durant un morceau tout en respectant le phrasé musical.


P.M. Quand êtes vous venu à Colmar pour la première fois ?

A.B. Il y a 22 ans, j’ai joué avec l’Orchestre des Virtuoses de Moscou, dans la grande salle, un programme de quintettes de Weber et maintenant, c’est la deuxième fois que je participe au Festival et je suis reconnaissant à Vladimir Spivakov de m’y avoir invité : si l’occasion se présente, je serai heureux de revenir!

P.M. Quelle est la durée de vie d’une clarinette ?

A.B. L’usure se fait sentir entre 7 et 10 ans, cela se remarque dans le son et dans l’intonation :  pour prolonger la vie de l’instrument il est possible de changer une partie seulement néanmoins il faut envisager à l’acquisition d’un  nouvel instrument.

P.M. Comme pour tout instrument neuf, il faut un temps pour le « faire sien ».

A.B.  Effectivement, cela peut prendre un an ou même deux.

P.M. La musique de chambre constitue la plus grande partie des oeuvres consacrées à la clarinette ? Il y a aussi des concertos ?

A.B. On dénombre une certaine quantité de concertos, de concertinos, de grands compositeurs ont écrit de très belles oeuvres, en particulier Mozart, Weber, Brahms, et avec la musique de chambre les possibilités sont grandes ; le répertoire n’est pas aussi vaste que celui du violon
ou du violoncelle, mais il reste quand même étendu.

P.M. Quel est votre compositeur préféré?

A.B. Serge Rachmaninoff

P.M. Mais il n’a pas écrit pour la clarinette ! Parmi les compositeurs russes quels sont ceux qui ont composé pour la clarinette?

A.B. On peut citer Tchaïkovsky, plus près de nous, Khatchatourian.

P.M. Comment se forme un trio ou un ensemble de musique de chambre ? Vous jouez vous souvent avec les mêmes musiciens.

A.B. Nous nous sommes rencontrés au Festival de Verbier, et nous nous sommes très bien entendus, depuis lors nous jouons ensemble le plus souvent possible.

Sur ces mots, Itamar Golan et Kyril Zlotnikov sont entrés pour une répétition en vue du concert programmé au Koïfhus et nous avons laissé les artistes se consacrer à la musique.